« Nous irons jusqu'au soleil » : Jessica Backhaus au Centre Photo de Mougins
Jusqu'au 2 juin
Une ambiance singulière en effet. Ses images très colorées, légèrement mystiques, notamment les découpages, s'ancrent dans les thèmes matissiens ou évoquent les carrés peints de Joseph Albers. L'art de Jessica Backhaus représente un petit univers très personnel au Centre de Photographie de Mougins. Un monde coloré, avec sa réalité découpée en séquences comme dans un film.
Jessica Backhaus est considérée comme l'une des voix les plus marquantes de la photographie contemporaine allemande. Sa nouvelle série « Cut Outs » est créée avec les moyens les plus simples, réduisant la photographie à ses éléments de base : la lumière et l'ombre, la forme et la couleur. Le papier découpé transparent réagit à la chaleur de la lumière intense du soleil, se déformant, se soulevant et projetant des ombres.
On ignore l'origine de ces compositions abstraites au pouvoir hypnotique indéniable. Ici les couleurs dansent et dépassent la réalité.
La deuxième série « La nature des choses » est une observation d'objets et d'éléments du quotidien, aboutissant à des natures mortes indéchiffrables. C'est ainsi que de simples verres à eau finissent en constellation… Les images s'imposent par leur présence indiscutable. Pourtant ils dépassent l’observation des choses, voire celle d’un dispositif artistique. C’est comme si un nouveau regard sur la réalité perçait le papier. Les couleurs, les jeux d'ombre et de lumière donnent lieu à une nouvelle approche de l'art photographique. Seulement sous le soleil.
« Nous irons jusqu'au soleil. » Jessica Backhaus
Centre de photographie
43 Rue de l'Église, Mougins, France
Martine Doytier, une rétrospective à Nice
Jusqu'au 31 juillet
Cette exposition unique bouscule immédiatement, interpelle, saisit les tripes et le cœur. Pour la première fois, une rétrospective rend hommage à un artiste qui a grandement marqué la vie culturelle niçoise et azuréenne dans les années 70 et 80. Cette jeune femme est décédée bien trop tôt, au moment même où son art et sa notoriété s'affirmaient.
Après avoir exploré le style naïf et inspirée par un esprit nouveau, Martine Doytier a créé un style captivant, reconstituant une étonnante comédie humaine. Des visages pâles rongés par d'énormes yeux noirs, des corps brisés ou malmenés, une accumulation de personnages inquiétants à mi-chemin entre la candeur d'un enfant et la noirceur d'un monstre que nous portons tous en nous.
Les Salons de l'Artistique de Nice présentent désormais une quarantaine de tableaux et de nombreux dessins inédits, révélant l'histoire de cette femme exigeante, radicale et tourmentée.
Le commissaire de l'exposition, Marc Sanchez, a minutieusement rassemblé toutes ces œuvres, dont certaines n'ont jamais été exposées. Deux d’entre eux se démarquent particulièrement. L’« Autoportrait » est une peinture ultime et inachevée. Fruit d'un travail de cinq ans, il décrit l'univers quotidien de l'artiste, faisant défiler nombre de personnages ayant largement influencé « L'Ecole de Nice ». Sa sculpture unique « M. Martin» est une autre composition impressionnante et vivante située au milieu de l'espace d'exposition. C'est un fouillis de sensations, de questions et de sentiments contradictoires. Cette œuvre en dit long sur le parcours tortueux de cette artiste plasticienne, fortement engagée dans son art.
Martine Doytier. Une rétrospective
L'Artistique; centre d'Arts et de Culture – Espace Ferrero
27B, Bd Dubouchage, Nice, France
Pasolini en clair-obscur à la Villa Sauber à Monaco
Jusqu'au 29 septembre
Il y a eu des films (certains vraiment géniaux), des écrits, des poèmes, des déclarations politiques, des propos sulfureux, des polémiques, des scandales et une mort subite… un assassinat sur une plage près de Rome en 1975.
Pasolini est connu dans le monde entier et ne laisse personne indifférent. Son influence est encore palpable aujourd’hui, cinquante ans après sa disparition. Il est lu, commenté, adapté et inspirant pour les artistes contemporains. Le cinéma étant une part majeure de son œuvre, il est actuellement mis à l'honneur par une passionnante exposition : « Pasolini in Chiaroscuro » à la Villa Sauber, Monaco.
Ses films doivent être vus à la lumière de l’art classique et contemporain, avec une esthétique largement ancrée dans le visuel. Des extraits de « Accatone », « Théorème » ou « Salo » côtoient ainsi des tableaux de Pontormo, Pieter Claesz, Giorgio Morandi, Fernand Léger ou Francis Bacon.
La deuxième partie de l'exposition témoigne à quel point de nombreux artistes internationaux se sont inspirés de Pasolini, certains d'entre eux puisant leur travail dans la matière même de ses films. A cet égard, on peut affirmer que le cinéaste italien, scandaleux en son temps, reste une figure centrale de l'histoire de l'art moderne et contemporain.
Pasolini en clair-obscur
Nouveau Musée National de Monaco – Villa Sauber
17, Avenue Princesse Grâce, Monaco
Bonnard et le Japon à Aix-en-Provence
Jusqu'au 6 octobre
Pierre Bonnard est connu pour avoir été fortement influencé par l'azur. Cette couleur guide ses recherches picturales tout au long de ses séjours au Cannet, qui abrite actuellement le musée de l'artiste. Le « nabi » qui est passé de l'impressionnisme au symbolisme a pourtant puisé ses couleurs pures, ses lumières suaves, ses contours apaisés et ses douces nuances du pays du Soleil Levant.
Pierre Bonnard a bien intégré l'esthétique japonaise dans son art. Son traitement de l'espace, du temps et du mouvement s'inspire des estampes japonaises, avec leur vision délicate du monde. Selon le peintre, « Au contact de ces images populaires grossières, j’ai compris que la couleur pouvait tout exprimer sans avoir besoin de relief ni de modelé. ».
Cette interaction entre Pierre Bonnard et le Japon est célébrée pour la première fois par une exposition.
L'Hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence, expose les œuvres du peintre français aux côtés d'une sélection d'estampes japonaises de la prestigieuse collection Leskowicz, illustrant leurs similitudes et affinités.
Cette scénographie dynamique montre comment les œuvres d’artistes si éloignés dans le temps et dans l’espace peuvent soulever des questions esthétiques étonnamment proches. Une vraie révélation.
Bonnard et le Japon
Hôtel de Caumont – Centre d’Art
3, rue Joseph Cabassol, Aix-en-Provence, France