Jonathan Taylor, le lanceur d’alerte de SBM Offshore, poursuit l’entreprise et ses dirigeants devant le tribunal de Haarlem, aux Pays-Bas. Il affirme que la société d’ingénierie du secteur pétrolier néerlandais a tenté de « détruire » sa vie. Il réclame des « dommages et intérêts substantiels ».
La dénonciation de M. Taylor a déjà coûté cher à SBM Offshore. Ses révélations, alors qu’il était avocat au sein de l’entreprise – le plus grand employeur privé de Monaco – ont abouti à des amendes et à des règlements au Brésil, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et aux États-Unis, pour un montant total de 840 millions de dollars.
Parmi ses révélations figurait le paiement de pots-de-vin de plus de 250 millions de dollars pour remporter des contrats lucratifs en Angola, au Brésil et en Guinée équatoriale entre 2006 et 2011.
M. Taylor et ses partisans ont fait campagne pour des protections juridiques pour les lanceurs d’alerte, qui sont souvent la cible de litiges vexatoires, comme il l’a été devant les tribunaux néerlandais dans le cadre d’un procès stratégique contre la participation du public, connu sous le nom de procès SLAPP, qui vise au moins en partie à faire payer au lanceur d’alerte des frais juridiques inabordables. L’action en diffamation intentée par SBM Offshore contre son ancien employé a été retirée par l’entreprise avant d’être portée devant le tribunal.
Ensuite, les autorités judiciaires monégasques ont publié une notice rouge d’Interpol pour l’arrestation de Jonathan, qui l’a vu arrêté à son arrivée à Dubrovnik lors de vacances en famille en 2018. Il a fallu un an pour qu’il soit libéré de son assignation à résidence en Croatie et un total de deux ans pour que Monaco retire le mandat d’arrêt international.
Le procès de Jonathan – quelle qu’en soit l’issue – établira une référence juridique pour les lanceurs d’alerte du monde entier.
En attendant, les garanties sont si faibles que Jonathan conseille aux lanceurs d’alerte potentiels de réfléchir très attentivement aux conséquences potentielles avant de divulguer des informations aux autorités et suggère d’agir de manière anonyme.