Dans le cadre du Mois Sans Tabac à Monaco, la Principauté se penche sur la question controversée de l’âge légal pour les jeunes à acheter du tabac…
Actuellement, un changement législatif important est envisagé, susceptible d’aligner les lois monégasques sur les politiques mondiales progressistes de lutte antitabac. Le débat à Monaco s’est intensifié lorsqu’un projet de loi a été présenté au Conseil national le 16 octobre 2024, proposant de relever l’âge minimum légal pour acheter du tabac à 18 ans. Si elle est adoptée, cette mesure pourrait entrer en vigueur d’ici le printemps 2025. Les défenseurs estiment que cette mesure est essentiel pour la santé publique, en particulier pour protéger les jeunes contre les méfaits à long terme du tabagisme.
Le projet de loi proposé par le gouvernement fait écho à des stratégies similaires partout dans le monde. De nombreux pays ont pris des mesures audacieuses pour réduire la consommation de tabac, reconnaissant ses graves conséquences sur la santé, en particulier parmi les populations plus jeunes. Les spécialistes de la santé publique affirment que limiter l’accès des jeunes au tabac réduit considérablement le risque de développer une dépendance à la nicotine, un point souligné par une étude japonaise de 2023 présentée au congrès de la Société européenne de cardiologie. Cette recherche a indiqué que les personnes qui ont commencé à fumer avant l’âge de 20 ans ont trouvé qu’il était nettement plus difficile d’arrêter que celles qui ont commencé plus tard.
À l’échelle internationale, certains pays ont déjà mis en œuvre ou proposé des mesures plus strictes pour réduire les taux de tabagisme chez les jeunes. Au Royaume-Uni, le gouvernement précédent a présenté le Tobacco and Vapes Bill, dans le but d’interdire la vente de tabac à toute personne née après le 1er janvier 2009. Bien que le projet de loi n’ait pas été adopté avant les élections britanniques, il a suscité un regain d’intérêt dans le cadre de la loi actuelle. l’administration, qui continue d’explorer d’autres mesures de lutte antitabac, telles que la restriction du tabagisme autour des écoles et des hôpitaux. Cependant, les interdictions de fumer à l’extérieur dans des lieux tels que les pubs, les bars et les restaurants ont été levées en raison de la résistance du secteur hôtelier.
La Nouvelle-Zélande a adopté l’une des politiques antitabac les plus ambitieuses, interdisant à toute personne née après 2008 d’acheter des produits du tabac. Cette loi révolutionnaire visait à créer une génération sans tabac, mais a été abrogée en 2023 à la suite d’un changement de gouvernement, citant les avantages financiers des allégements fiscaux comme raison de son annulation.
Le Mexique et l’Australie ont également mis en place des lois antitabac strictes. Les interdictions complètes du Mexique couvrent tous les espaces publics, y compris les plages et les parcs, ce qui le positionne comme l’un des pays antitabac les plus stricts. Le Queensland, en Australie, a mis en place des zones sans fumée dans les restaurants en plein air et lors d’événements destinés aux jeunes, créant ainsi des environnements qui découragent les jeunes de fumer.
Si relever l’âge légal pour acheter du tabac à 18 ans à Monaco constitue un pas en avant, certains experts préconisent des limites d’âge encore plus élevées pour garantir de meilleurs résultats. Une recherche du US Surgeon General souligne que l’exposition à la nicotine pendant l’adolescence altère le développement du cerveau, entraînant un risque plus élevé de dépendance, de troubles de l’humeur et de déficits cognitifs. Le cortex préfrontal, responsable de la prise de décision et du contrôle des impulsions, n’atteint sa pleine maturité qu’à l’âge de 25 ans environ. Cela rend les jeunes adultes plus susceptibles aux comportements à risque, notamment le tabagisme.
Les statistiques de diverses juridictions indiquent que le relèvement de l’âge légal a un impact profond sur la réduction des taux de tabagisme. Par exemple, à Needham, dans le Massachusetts, où l’âge minimum a été porté à 21 ans, la prévalence du tabagisme dans les lycées a chuté de 47 %. Aux États-Unis, des lois « Tobacco 21 » ont été adoptées dans des États comme Hawaï et la Californie, avec un large soutien du public. Un rapport de 2015 de l’Institut de médecine des États-Unis concluait que relever l’âge minimum légal à 21 ans réduirait de 25 % l’initiation au tabac chez les 15 à 17 ans, préviendrait des milliers de cas de cancer du poumon et sauverait des centaines de milliers de vies. .
L’industrie du tabac, motivée par le profit, compte sur le fait d’attirer de jeunes « fumeurs de remplacement » alors que les consommateurs plus âgés arrêtent ou succombent à des maladies liées au tabac. Une déclaration effrayante tirée de documents de l’industrie indique : « Si un homme n’a jamais fumé à 18 ans, les chances sont de trois contre une qu’il ne le fasse jamais. À 24 ans, les chances sont de vingt contre un.
L’initiative de Monaco, qui vise à s’aligner sur les meilleures pratiques internationales et à protéger la santé de sa jeunesse, est considérée par beaucoup comme une étape positive. La Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac exige que les pays participants interdisent la vente de tabac aux mineurs, et la plupart des pays ont fixé l’âge légal à 18 ou 19 ans. Cependant, certains pays, dont plusieurs États américains, le Japon et d’autres, ont relevé l’âge légal. barre à 20 ou 21.
Les critiques affirment qu’il faut faire davantage. Augmenter l’âge à 21 ou 25 ans pourrait avoir un impact plus significatif, en réduisant potentiellement les taux de tabagisme, en prévenant une dépendance précoce à la nicotine et en améliorant les résultats de santé à long terme. Malgré les défis politiques potentiels, les experts soutiennent que la protection des jeunes contre l’exposition au tabac est cruciale pour la santé publique.
Alors que Monaco débat des changements proposés, il se trouve à la croisée des chemins. Cette décision pourrait positionner la Principauté comme leader en matière de lutte antitabac, démontrant son engagement à préserver la santé des générations futures. Pour l’instant, les yeux sont tournés vers le Conseil national alors qu’il examine cette mesure cruciale, dans le contexte des efforts mondiaux visant à réduire le tabagisme et à promouvoir des sociétés plus saines.
Photo de Reza Mehrad