Après des jours d’incertitude dus à des conditions météorologiques très difficiles, la flotte IMOCA a finalement quitté le bassin Paul Vatine pour prendre le départ de la 16ème Transat Jacques Vabre, rapporte le Monaco Yacht Club.
C’est à 9h30 le 7 novembre que Malizia-Seaexplorer, dernier né du Team Malizia fondé par le vice-président du Yacht Club de Monaco Pierre Casiraghi, a franchi le départ de cette course en double. Emmené par le skipper allemand Boris Herrmann et son co-skipper Will Harris, le 60 pieds est en route vers Fort-de-France en Martinique avec 39 autres IMOCA.
Les six bateaux Ocean Fifty et 44 Class40 ont pris le départ dimanche 29 octobre dernier comme prévu avec les cinq Ultim et ont dû s’arrêter à Lorient pendant le passage de la tempête Ciarán. Selon les organisateurs de la course, il avait été impossible de trouver un port pour tous les IMOCA, d’où le retard au Havre.
Cela fait trois pour Boris Herrmann
Le skipper allemand et membre du Yacht Club de Monaco connaît bien cet événement pour y avoir participé en 2017 et 2019 et revient sur la route du café sur un tout nouveau bateau. Après avoir quitté le chantier en juillet 2022, Malizia-Seaexplorer a déjà goûté à la course au large après la Route du Rhum en solitaire en 2022 puis The Ocean Race, un tour du monde de 32 000 milles avec étapes et équipage où il termine une excellente troisième place. A ses côtés se trouve Will Harris en tant que co-skipper. C’est la deuxième fois que les deux s’associent, la première fois en 2019.
Les systèmes météorologiques changent la donne
Les organisateurs ont dû revoir le parcours, non seulement le raccourcir, mais aussi éviter davantage de dépressions. Après avoir quitté la Manche, ils se dirigent vers Fort de France en laissant les Açores sur tribord. Les 3 765 milles s’annoncent tactiques et rudes puisque dès le mercredi 8 novembre, un front les attend avec 30 nœuds de vent avec des rafales de 35 à 40.
« Je ne peux pas attendre », a déclaré Boris Herrmann. « Nous avons eu une semaine de report alors que j’attendais la fin de la tempête avec ma famille à Hambourg. Le bateau était amarré en toute sécurité au Havre et l’équipe en a bien pris soin. Le parcours plus court est une bonne idée car j’ai besoin de temps pour participer à la course retour en solitaire juste après la Transat ». Pour le skipper allemand, les objectifs sont les mêmes qu’il y a une semaine : « Nous allons affronter de nouveaux bateaux de la classe que nous affronterons sur le Vendée Globe l’année prochaine et allons tester et peaufiner minutieusement. -régler le bateau en mode course semi-solitaire ».
Une traversée pour l’environnement
« Nous utiliserons l’Ocean Pack, comme nous l’avons fait pour chaque course, pour collecter des données sur le CO2 des océans pour les scientifiques », explique Will Harris. « Certaines sections de la course seront similaires à celles parcourues lors de The Ocean Race plus tôt cette année, je suis curieux de voir ce que les scientifiques observeront à un niveau plus saisonnier. Nous allons également essayer de collecter des échantillons d’ADN environnemental à l’aide d’un système de filtre ajouté à l’Ocean Pack.
Cette course est une excellente occasion de tester le système et de le perfectionner pour les courses futures. Je suis également ravi de déployer une autre bouée dérivante, à environ 32°W, une zone qui manque cruellement de données. Ce sera notre troisième bouée dérivante déployée en 2023, la première pour moi ayant eu lieu lors de la Transat Jacques Vabre 2019 lorsque j’ai rejoint Malizia. Cela montre à quel point nous sommes unis en tant qu’équipe pour soutenir la recherche marine ».
Les bouées dérivantes peuvent mesurer la température de la surface de la mer, la pression atmosphérique et les courants de surface. Depuis sa position éloignée, la bouée renvoie fréquemment des mises à jour de données très précises au GTS (Global Telecommunications Systems), le réseau international de données de l’Organisation météorologique mondiale. Les prévisionnistes et les scientifiques du monde entier peuvent accéder gratuitement aux informations de cette plateforme. Ce déploiement s’inscrit dans le cadre du programme européen SurfMar d’Eumetnet coordonné par Météo France. Et comme l’explique Boris Herrmann, « ce projet mondial aidera les scientifiques à mieux comprendre l’océan et la manière dont les changements naturels et anthropomorphiques l’affectent. Cela améliorera également significativement les prévisions et les modèles météorologiques qui font partie intégrante de la course au large ».
La stratégie est la clé
Les choix tactiques confirmeront les prévisions avec des estimations d’itinéraire vers le Nord faisant état de systèmes anticycloniques avant d’atteindre une deuxième dépression en fin de semaine. Les candidats ont plusieurs options une fois qu’ils quittent la Manche. La seule obligation est de partir à tribord Santa Maria, l’île la plus méridionale des Açores. L’ETA en Martinique pour les dirigeants est attendue le vendredi 17 novembre.