L’État monégasque conteste le jugement de plus de 140 millions d’euros dans le litige de l’Esplanade des Pêcheurs

Comme le rapporte Monaco Matin, le gouvernement monégasque a intensifié ses efforts pour annuler une sanction financière de plus de 140 millions d’euros liée au projet d’aménagement de l’Esplanade des Pêcheurs en déposant une requête extraordinaire auprès de la Cour suprême, alléguant une « fraude ».

Cette manœuvre judiciaire, initiée le 30 juillet par l’ancien ministre d’État Pierre Dartout juste avant de quitter ses fonctions, vise à annuler les précédents arrêts de la Cour suprême qui jugeaient illégale l’annulation du projet et accordaient une indemnisation au promoteur Caroli Immo.

Les arrêts de la Cour suprême de 2018 et 2020 ont ordonné à l’État d’indemniser Caroli Immo, avec intérêts, pour l’abandon du projet de construction très médiatisé. Le gouvernement s’est toutefois montré réticent à s’y conformer, affirmant que de nouvelles preuves révélaient des « faits graves » qui remettaient en question l’intégrité du processus judiciaire. Au centre de ces allégations se trouvent des soupçons de collusion impliquant d’éminentes personnalités juridiques, dont Thierry Lacoste, ami d’enfance du prince Albert II, et Didier Linotte, ancien président de la Cour suprême.

Selon le mémoire de 60 pages du gouvernement, Lacoste et Linotte entretenaient des liens suggérant des conflits d’intérêts, tels que des arrangements financiers et des activités partagées, notamment un voyage à Washington financé par un associé de l’équipe juridique de Caroli Immo. L’État souligne également des allégations d’honoraires d’avocat dissimulés liés au jugement du tribunal, alimentant encore davantage les allégations d’irrégularité.

En réponse, Lacoste et Linotte ont fermement nié ces accusations, les qualifiant de sans fondement et politiquement motivées. Linotte a souligné sa transparence dans les relations professionnelles, tandis que Lacoste a soutenu qu’une grande partie des preuves provenaient d’e-mails obtenus illégalement, sapant ainsi leur légitimité.

Alors que cette affaire continue de se dérouler, ses implications s’étendent au-delà de la responsabilité financière, mettant en lumière la transparence judiciaire et la gouvernance à Monaco. Pour l’heure, le groupe Caroli Immo, le Palais Princier et le gouvernement se sont abstenus de tout commentaire pour préserver la procédure judiciaire.