Dire qu’il existe des tensions entre le Gouvernement Princier d’une part et le Conseil National élu de l’autre est un euphémisme. D’ailleurs, cela dure depuis longtemps, et c’est certainement typique de la période où Stéphane Valeri était président du Conseil. Bien entendu, M. Valeri occupe désormais le rôle beaucoup moins controversé de PDG de la Société des bains de mer.
Rendre compte des débats publics, même sur des sujets relativement banals, est rendu d’autant plus intéressant par les ripostes toujours polies mais souvent acerbes échangées entre, le plus souvent, Son Excellence le ministre d’État Pierre Dartout et la présidente du Conseil national Brigitte Boccone-Pagès.
Alors que M. Dartout a une présence nombreuse et imposante, Mme la Présidente est petite, très déterminée et jamais d’humeur à se laisser rouler par terre.
C’est donc sans surprise que M. Dartout a eu une plainte à formuler lors du très important débat de jeudi sur le budget de l’année prochaine : « Je déplore l’image que le Conseil National tente de donner du Gouvernement Princier ». Il a ajouté que les critiques à l’égard des ministres semblaient « systématiques ».
Mme Boccone-Pagès n’en voulait pas : « Je ne serai pas la présidente d’un Conseil national qui serait une fois de plus tourné en dérision comme un obstacle à la rotation en rond ou comme le porte-parole d’exigences déraisonnables et déconnectées de la réalité. » Elle se demande si M. Dartout laisse entendre « une énième provocation » de sa part.
Plusieurs élus ont tenté de calmer le discours, l’un affirmant : « Personne ici n’est là pour se battre » et un autre : « La coopération est possible. Il est impératif, dans l’intérêt général du pays, de changer de méthode, de travailler ensemble de manière constructive tout en acceptant nos saines différences.»
Mais Monaco devra attendre mardi prochain pour savoir si la voix calme et tranquille de la raison a pris le dessus. Un vote aura lieu sur le budget modifié. Se dressant sur la pointe des pieds et relevant une nouvelle fois la tête au-dessus du parapet, Mme Boccone-Pagès a prévenu : « Aucun vote n’est gagné d’avance. Aucun budget n’est jamais acquis d’avance.