Le système judiciaire monégasque est confronté à une pénurie urgente de ressources dans le cadre des efforts de mise en conformité avec le GAFI

Le Conseil National de Monaco a tenu mardi 15 octobre un débat critique sur l’état de la justice de la Principauté, soulignant la nécessité d’augmenter les moyens pour répondre aux normes internationales et rester en dehors de la liste grise du Groupe d’Action Financière (GAFI). Christophe Brico, élu, a souligné l’importance d’une « justice efficace » comme facteur clé pour parvenir au respect des règles, affirmant : « Nous avons besoin de ressources humaines, matérielles et législatives ».

Christine Pasquier-Ciulla, présidente de la Commission des droits de la famille et de l’égalité, a ouvert le débat, soulignant l’urgence d’équiper la justice monégasque pour traiter des dossiers de plus en plus complexes et spécialisés. Elle a appelé à une action immédiate du gouvernement pour renforcer le système judiciaire, qu’elle a décrit comme manquant de ressources dans les domaines pénal et civil.

Pasquier-Ciulla a souligné le manque de juges au Tribunal de première instance, où quatre postes restent vacants. « C’est énorme pour un tribunal de notre taille », a-t-elle déclaré, soulignant que les niveaux actuels de personnel sont insuffisants, d’autant plus que la demande augmente. Me Régis Bergonzi s’est fait l’écho de ces préoccupations, ajoutant que les juges d’instruction sont souvent amenés à siéger au tribunal correctionnel, ce qui les gêne dans leur travail.

Le procureur Stéphane Thibault a également sonné l’alarme concernant le manque de personnel, affirmant que le nombre actuel de six procureurs est dépassé, le seuil initialement demandé en 1994. Un récent rapport du cabinet d’audit FTA recommandait d’augmenter ce nombre à au moins dix pour faire face à l’augmentation du nombre de procureurs. charges de travail et permettre la mise en place d’unités d’enquête spécialisées.

Outre les problèmes de personnel, des inquiétudes ont été soulevées quant au mauvais état des bureaux judiciaires. Jean-Louis Grinda, président de la Commission de sécurité nationale, a déploré les conditions « déprimantes » des locaux du tribunal, exhortant le gouvernement à améliorer les conditions de travail des juges.

Pasquier-Ciulla a proposé de déplacer la Direction des Services Judiciaires dans un autre bâtiment afin de libérer de l’espace pour les nouvelles recrues. Cette décision a été discutée il y a deux ans, mais aucune mesure n’a été prise.

Le président du Conseil national Brico et d’autres responsables ont convenu de la nécessité urgente d’une réorganisation interne et d’une collaboration accrue avec la France pour soutenir le système judiciaire monégasque. Didier Guillaume, membre du conseil, a réaffirmé l’engagement du gouvernement à obtenir des ressources supplémentaires, reconnaissant l’importance d’assurer une justice pénale, civile et administrative efficace.

Cependant, malgré ces discussions positives, Pasquier-Ciulla a prévenu que le prochain budget ne prévoit qu’une modeste augmentation de 300 000 euros, insuffisante pour aborder toute l’ampleur des réformes requises.