Ian Brodie avec Reuters : Éric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice combatif et prétendument vindicatif, a été innocenté par la Cour de cassation de conflit d’intérêts.
L’un de ses délits présumés était la poursuite judiciaire d’un ancien juge de Monaco, Édouard Levrault, selon le parquet. Me Levrault avait déjà été impliqué dans une affaire concernant un ancien client de Dupond-Moretti.
En septembre, Me Levrault avait été déféré devant 12 juges lors d’une audience disciplinaire pour « manquements aux devoirs de prudence, de délicatesse et de prudence » (« manquements aux devoirs de prudence, de délicatesse et de réserve »). Il s’est défendu avec fougue et a été innocenté.
Édouard Levrault, militant anti-corruption de 45 ans, travaille toujours dans le quartier et occupe actuellement le poste de vice-président du tribunal correctionnel de Nice.
Entre 2019 et 2021, il a donné de nombreuses interviews dans la presse écrite et télévisée dans lesquelles il dresse un tableau peu flatteur du fonctionnement de la justice française par rapport à la justice monégasque.
Dupond-Moretti était resté en fonction pendant l’enquête et le procès, mais un verdict de culpabilité aurait fait pression sur le président Emmanuel Macron, arrivé au pouvoir en 2017 en promettant de faire le ménage en politique, pour qu’il limoge son ministre.
Il restera ministre de la Justice, a déclaré la Première ministre Elisabeth Borne en saluant la décision mercredi 29 novembre.
Dupond-Moretti, qui a nié tout acte répréhensible lors du procès, a quitté le tribunal sans faire aucun commentaire. Ses avocats ont déclaré que la décision « met fin à des années pendant lesquelles (le ministre) a été faussement accusé ».
Le parti politique d’extrême gauche France Insoumise a critiqué cet acquittement, estimant qu’il démontrait que le tribunal spécial, présidé à la fois par des juges et des législateurs, devait être supprimé.
Jérôme Karsenti, avocat de l’association anti-corruption Anticor, estime que le tribunal spécial est trop indulgent avec le pouvoir.
Depuis sa création en 1993, la Cour de justice de la République n’a tenu que neuf procès formels, dont celui de Dupond-Moretti.
Parmi les anciens accusés figurent Christine Lagarde, ancienne ministre des Finances et actuelle directrice de la Banque centrale européenne. En 2016, elle a été reconnue coupable de négligence concernant un paiement gouvernemental. Elle a échappé aux sanctions et a conservé son emploi au FMI.
Me Levrault a déclaré pour sa défense qu’il avait accordé ces interviews aux médias pour défendre l’indépendance des magistrats français détachés à Monaco.