Le 14 mars 1923, un groupe de Monégasques, fervents admirateurs de leur histoire ancestrale, crée une association dans le but de préserver leurs traditions nationales. Cette année, le Comité des Traditions monégasques fête son centenaire. Dès sa conception, le comité s'est employé à perpétuer des traditions telles que le salut de minuit à sept coups de canon ou celui spécialement tiré en l'honneur de Sainte Dévote. Aidée par les boulangers et la mairie, elle a également fait revivre la tradition du « Pan de Natale », en collectant des fonds pour des associations caritatives.
Musée du Vieux Monaco
Cet été, à l'occasion de la commémoration de son centenaire, le comité va rouvrir le Musée du Vieux Monaco. Situé sur le Rocher Princier, placette des Carmes, il est fermé depuis 2015 pour travaux d'agrandissement. Des aménagements importants ont été effectués et des professionnels engagés pour assurer la scénographie des expositions. Deux jeunes artistes tout juste sortis de l'Ecole des Arts Plastiques ont ainsi investi ses deux étages. Le rez-de-chaussée est dédié à l'histoire. Au départ du château de la ville, il nous emmène à travers les différentes rues de la Principauté, nous faisant découvrir des artistes comme le céramiste Ernesto Sprega et des personnalités qui ont marqué l'histoire de Monaco, perpétuée par des plaques commémoratives… Des personnalités comme le poète Guillaume Apollinaire ont étudié à Monaco. Entré au collège Saint-Charles en 1889, il reçoit son premier Prix d'excellence l'année suivante. Elève de la même école, il compose ses tous premiers vers en 1893.
Ce genre de passé glorieux et les personnages illustres qui l'ont impliqué intéressent au premier chef le Comité National des Traditions Monégasques, toujours à l'affût des épisodes majeurs et mineurs ayant forgé l'identité monégasque. Le comité recherche particulièrement les personnages ayant marqué l'histoire locale à travers différentes légendes et célébrations religieuses.
La langue monégasque utilisée à l'école et pour les offices religieux
Selon le président du Comité, Claude Manzone : « Restaurer la langue monégasque fait aussi partie de nos objectifs. Le prince Rainier croyait qu'une langue véhicule l'âme du pays. Il a donc rétabli l'enseignement du monégasque de la primaire à la 3ème année du collège. Nous poursuivons ces mêmes efforts. Au départ, le comité ne comptait que quelques personnes soucieuses de perpétuer cette langue de rue, à l'origine un dialecte oral génois. Puis il y a eu les premiers écrits, un dictionnaire, une grammaire, et la langue est devenue vivante… ».
Certains auteurs écrivent actuellement en monégasque, les poètes composent leurs vers ; même certains albums de Tintin sont traduits en langue monégasque !.. Suivant le souhait du Prince Rainier III, le Monégasque est ainsi bien vivant.
Lors de l'ouverture de l'Académie des Langues Dialectales en 1982, le Prince Rainier fit une déclaration importante : « Laisser mourir une langue, c'est ternir à jamais l'âme intérieure de son peuple, renoncer à l'un de ses héritages les plus précieux ».
Certains élèves bénéficient d'un enseignement entièrement en langue monégasque jusqu'à la dernière année du baccalauréat, tandis que le Prince Albert II récompense solennellement les plus méritants dans la cour de l'Hôtel de Ville. C'est un grand moment pour ces jeunes Monégasques et la garantie que leur langue continue de vivre.
La langue monégasque fait également partie de la vie de l'Église. Saint Nicolas étant le saint patron, le 6 décembre, une messe est célébrée en monégasque à son autel de la Cathédrale de Monaco. Vêtus de vêtements folkloriques traditionnels, les enfants mettent en scène sa légende. Une autre fête importante est celle de Sainte Dévote dont la légende est également traduite en monégasque. L'une des plus anciennes traditions de la Principauté, elle s'est inscrite dans la culture nationale dans de nombreux domaines : religion, folklore, croyances populaires, histoire, littérature, arts, peinture, musique, numismatique et philatélie.
Selon la légende, une jeune chrétienne corse nommée Dévota fut martyrisée sous les empereurs Dioclétien et Maximien par le préfet Barbarus en l'an 303 ou 304. Son corps, volé par les chrétiens la nuit suivante, fut transporté clandestinement sur un bateau et amené à Monaco. Il fut ensuite inhumé dans la chapelle des Gaumates, près du port, le 27 janvier de la même année.
Au XVIIe siècle, sous le règne du prince Honoré II, Sainte Dévote devient patronne de Monaco. Depuis 1874, cette tradition est célébrée chaque année. Un bateau est incendié en présence du Souverain, de la Famille Princière et de hauts fonctionnaires monégasques. Un feu d'artifice est ensuite tiré sur le port Hercule. Un grand cortège rassemble les Monégasques chéris de leur passé, avec en première ligne les membres du Comité National des Traditions.