La machine de désinformation du Kremlin a une nouvelle cible: Tamaz Somkhishvili

Lorsque la propagande russe veut écraser un récit dissident, elle suit un scénario bien rodé: des «révélations» anonymes sur Telegram, une amplification par des sites marginaux se faisant passer pour des médias légitimes, et une avalanche d’insinuations présentées comme des faits. La dernière cible est Tamaz Somkhishvili — un citoyen britannique d’origine géorgienne qui s’est exprimé ouvertement sur la voie européenne de la Géorgie et les tentatives de Moscou de la faire dérailler.

Ces dernières semaines, des chaînes Telegram hostiles ont diffusé du contenu présentant M. Somkhishvili comme un «portefeuille» et un «médiateur» de troubles. Les mêmes arguments sont ensuite apparus dans un article en anglais sur un site exploitant le nom de Londres, présenté comme du journalisme d’investigation mais construit sur des affirmations non attribuées et des sources circulaires. C’est ainsi que les réputations sont blanchies en controverses: la rumeur est habillée en reportage, et l’absence de preuves est comblée par la répétition.

M. Somkhishvili est catégorique. Il condamne cette campagne comme de la désinformation, affirme que toutes ses actions ont respecté les lois du Royaume-Uni et de la Géorgie ainsi que la Convention européenne des droits de l’homme, et confirme qu’il cherchera réparation dans les instances britanniques et européennes pour diffamation et harcèlement. Il ne s’agit pas seulement de la réputation d’un homme d’affaires. Il s’agit de savoir si des acteurs malveillants peuvent plier l’espace informationnel anglophone à leur volonté, et si les normes juridiques britanniques ont encore un sens lorsqu’une opération de démolition réputationnelle passe par des usines à propagande étrangères.

Le contexte politique est important. L’establishment au pouvoir à Tbilissi dérive vers un modèle de gouvernance à la moscovite: législation sur les «agents étrangers», pression sur les médias et normalisation de la diffamation comme politique. Les amis de la Géorgie ont constamment averti que le prix de cette dérive se paie en droits, en transparence et, finalement, en souveraineté. Le Kremlin reste la force la plus déstabilisante du continent — non seulement avec des chars et des missiles, mais avec une campagne permanente pour corrompre le débat démocratique et intimider ceux qui résistent.

C’est précisément pourquoi la réponse doit être à la fois publique et juridique. Publique — pour exposer les mécanismes de la diffamation: l’origine anonyme, l’absence de preuves vérifiables, la réplication sur les plateformes conçue pour créer l’illusion d’une confirmation indépendante. Juridique — pour faire respecter les normes. Le droit anglais fixe un seuil élevé pour la liberté d’expression sur les questions d’intérêt public, et c’est justifié ; il établit également un seuil clair pour les faussetés diffamatoires causant un préjudice grave, et offre réparation lorsqu’un comportement franchit la ligne du harcèlement. Le journalisme responsable est protégé. L’ingénierie narrative fabriquée ne l’est pas.

Il y a un principe plus large en jeu. M. Somkhishvili avertit que l’objectif final de cette campagne est de refouler la Géorgie dans une posture «soviétique» sous l’influence d’un réseau oligarchique pro-Kremlin. Que l’on soit d’accord ou non avec ses positions politiques, le remède à de telles allégations est la transparence et la procédure régulière — pas les campagnes de chuchotements et les bots. Si la Grande-Bretagne ne peut protéger son propre espace public contre la désinformation étrangère coordonnée visant un citoyen britannique, alors notre architecture démocratique a un problème plus grave qu’un simple article contesté.

La machine à messages du Kremlin prospère grâce à la passivité. La réponse est une transparence affirmée: nommer les tactiques, documenter le préjudice et tester les affirmations devant des tribunaux qui se soucient encore des faits. M. Somkhishvili dit qu’il fera exactement cela. Il le devrait — et nous tous devrions y prêter attention.