PARIS (Reuters) – L’Anses a restreint mardi l’utilisation du prosulfocarbe, un désherbant courant, principalement en raison d’un risque de réaction cutanée chez les enfants, et a menacé de l’interdire en juin prochain si les producteurs ne peuvent pas prouver que les nouvelles règles sont efficaces.
Principalement utilisé sur les céréales comme le blé, l’orge et le seigle, ainsi que sur les légumes-racines comme les pommes de terre et les carottes, le prosulfocarbe est devenu le deuxième désherbant derrière le glyphosate en France, premier producteur de cultures de l’Union européenne.
« L’Anses ne peut exclure un dépassement des seuils de sécurité, principalement par exposition cutanée, pour les enfants se trouvant à moins de 10 mètres de la culture lors des traitements », a-t-elle précisé à la presse.
L’Anses a donc ordonné aux agriculteurs de réduire de 40 % en moyenne l’utilisation de prosulfocarbe par hectare et d’utiliser des buses sur les pulvérisateurs qui réduisent la dérive de la substance dans l’air de 90 % contre au moins 66 % auparavant.
Des buses avec une réduction de dérive de 90 % sont déjà utilisées en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas.
Par ailleurs, l’Anses a imposé une distance minimale de 10 mètres avec les zones d’habitation.
Les producteurs de ce désherbant très volatil devront prouver que les nouvelles mesures sont efficaces d’ici le 30 juin 2024.
« En l’absence de démonstration convaincante, les autorisations seront retirées sans délai », précise l’Anses.
La dispersion du prosulfocarbe peut également entraîner des pertes économiques, souligne l’Anses. En 2021, un volume bien supérieur aux limites maximales de ce produit chimique a été trouvé sur du sarrasin biologique à proximité des champs où il avait été utilisé, ce qui a contraint les agriculteurs à détruire leur production.
L’UE a renouvelé le mois dernier jusqu’au 31 janvier 2027 l’autorisation de mise sur le marché de ce désherbant qui arrivait à expiration à la fin du mois.
Les ventes de prosulfocarbe en France ont été multipliées par sept au cours des dix dernières années pour atteindre 7 400 tonnes en 2022, en raison notamment d’une moindre utilisation d’autres désherbants, précise l’Anses.
(Reportage de Sybille de La Hamaide, édité par William Maclean)