L'affaire du milieu de terrain de l'AS Monaco Mohamed Camara a suscité de nombreuses réactions au Mali. L'international bénéficie d'un grand soutien dans la vie publique du pays africain, qui a refusé dimanche dernier de soutenir une action de lutte contre l'homophobie autour des terrains de football. Lors de la dernière journée du Championnat de France, le milieu de terrain avait caché le logo contre l'homophobie floqué sur son maillot et porté par tous les joueurs, entraîneurs et arbitres, dans le cadre d'une campagne de lutte contre les discriminations pilotée par la Ligue de football professionnel (LFP). .
La LFP a pris une position ferme, annonçant via un communiqué mercredi 23 mai au soir que la « commission de discipline a décidé de convoquer le joueur Mohamed Camara pour sa prochaine séance qui se tiendra le jeudi 30 mai ».
Le comportement du milieu de terrain malien a suscité de nombreuses réactions négatives en France, dont celle de la ministre de l'Éducation et des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, qui a demandé une sanction pour le joueur et le club.
Le directeur du club Thiago Scuro a une nouvelle fois précisé la position de l'AS Monaco sur ce dossier lors de sa conférence de presse ; « Nous sommes un club et nous soutenons les actions mises en place par la Ligue. J'ai appelé Arnaud Rouger (le directeur général de la Ligue) mardi matin. Je me suis excusé auprès de lui et du club. Mohamed a fait cela pour des raisons religieuses et nous respectons toutes les religions, mais nous sommes vraiment très tristes de son comportement et nous ne le soutenons pas. C'est un sujet très sensible. Nous avons pris des sanctions depuis le début de la saison pour diverses raisons, mais nous avons géré cela en interne. Nous n’en avons pas parlé publiquement et je préfère procéder ainsi. Cela ne se reproduira plus la saison prochaine.
Scuro a ajouté : « Je n'ai pas peur des sanctions contre l'AS Monaco. Nous verrons ce qui se passera, mais punir le club ne serait pas juste. C'était une décision personnelle. Cela ne reflète pas ce qu'est l'AS Monaco, même si je respecte toutes les opinions. Je ne sais pas pourquoi personne au club ne lui a rien dit. Les joueurs l'ont probablement vu dans les vestiaires, mais n'y ont pas prêté attention jusqu'à ce qu'il entre sur le terrain. Nous ne pouvons pas contrôler tout le monde. C’est passé. Nous devons nous améliorer.
Mercredi, la Fédération malienne de football a fait une déclaration sur les réseaux sociaux ; « La Fédération Malienne de Football soutient Mohamed Camara dans l'exercice de sa liberté d'expression et son corollaire, celui de ne pas s'exprimer. Il est important de rappeler que les joueurs sont des citoyens comme les autres dont les droits fondamentaux doivent être protégés en toutes circonstances.
La décision de Camara a été influencée par la répression de l'homosexualité au Mali, son pays d'origine, et par la peur des représailles. Sur les réseaux sociaux, des personnalités maliennes et de nombreux internautes ont exprimé leur solidarité avec le joueur, connu en équipe nationale pour son attachement à la foi musulmane. «Ceux qui se disent défenseurs de la liberté et de la démocratie doivent respecter les convictions religieuses des athlètes. Soutien total à Mohamed Camara ! Hamidou Doumbia, homme politique malien, a écrit sur Facebook. « Est-il là pour jouer au football ou soutenir des causes politiques sur l'orientation sexuelle imposée ? » » demande Fatouma Harber, blogueuse et féministe malienne, sur Facebook.
L'agence de presse française AFP rapporte depuis le Mali que plusieurs journaux sportifs maliens ont également apporté leur soutien au joueur dans des publications illustrées par des photos de Mohamed Camara lors de son pèlerinage à la Mecque. Au Mali, sur une population estimée à plus de 20 millions d'habitants, 95 % sont musulmans, selon le rapport 2022 du Département d'État américain sur la liberté religieuse dans le monde. Le pays est attaché à des valeurs religieuses et traditionnelles qui ne tolèrent pas la pratique de l'homosexualité, même si aucune sanction pénale n'est en vigueur. En 2022, le ministre malien de la Justice Mamoudou Kassogué qualifiait l'homosexualité de « relation contre nature », et indiquait qu'elle serait bientôt criminalisée, lors d'un atelier de validation d'un avant-projet de loi sur le Code pénal.
Image présentée avec l'aimable autorisation de l'AS Monaco : Mohamed Camara