La rénovation du luxueux hôtel Maybourne Riviera à Roquebrune-Cap-Martin, anciennement Vista Palace, est sous contrôle judiciaire. L’hôtel, perché au-dessus de Monaco, a été transformé en une retraite cinq étoiles appartenant à l’ancien émir qatari Hamad bin Khalifa Al Thani, mais fait désormais face à des allégations de violations de planification qui révèlent des problèmes sous son extérieur glamour.
La rénovation du Maybourne Riviera, un projet coûteux conçu par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, a ouvert ses portes par étapes début juillet 2021. Ce début est intervenu à peine un mois après que les inspecteurs municipaux ont donné leur approbation avec seulement des remarques mineures. Mais cette approbation « favorable » contraste fortement avec les avertissements lancés quelques mois plus tôt par l’Apave, l’agence de contrôle de la construction. Apave a exprimé de sérieuses inquiétudes concernant la sécurité structurelle et incendie et a menacé de retirer son soutien au projet à moins que des mesures correctives ne soient prises.
La semaine prochaine, des représentants de la Société d’exploitation et de détention hôtelière Vista (SEDH), la structure d’investissement qatarie à l’origine du projet, comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Nice. L’affaire portera sur les irrégularités de planification et les multiples violations découvertes par l’équipe d’inspection. Le bien se situe notamment dans une zone protégée Natura 2000, qui restreint la construction pour préserver l’environnement naturel.
Les relations tendues entre les investisseurs qatariens et leur partenaire irlandais, Paddy McKillen, qui, selon les Qataris, les ont induits en erreur tout au long de la rénovation, compliquent encore les choses. Selon le SEDH, ils n’ont pris conscience des risques significatifs du chantier que début 2021, grâce aux alertes de l’Apave sur de graves « troubles matériels et immatériels ». Ces défauts, a prévenu Apave, pourraient avoir un impact sur l’intégrité à froid et la sécurité incendie de la structure, problèmes qui, selon Apave, pourraient empêcher l’ouverture de l’hôtel.
Le SEDH aurait recensé plus de 6 000 défauts de construction, constatés par un huissier. Beaucoup de ces problèmes, affirment les Qataris, provenaient d’un manque de contrôle de qualité de la part de l’entrepreneur irlandais, qui n’avait pas de couverture d’assurance obligatoire.
A l’approche de la date d’audience, l’affaire met en lumière les tensions entre les investisseurs qatariens et les autorités locales. En 2023, la commune de Roquebrune-Cap-Martin aurait envisagé une modification du permis qui autoriserait rétroactivement les dépassements de taille du projet. Des courriels internes révèlent qu’un émissaire du bureau de l’émir a rassuré le maire sur le fait que la modification éviterait toute apparence de favoritisme – une affirmation en contradiction avec les préoccupations de longue date de l’opposition locale concernant le non-respect des plans de planification.
Alors que les procédures judiciaires sont sur le point de commencer, la saga de la construction sur la Maybourne Riviera met en évidence des défis complexes à l’intersection du développement du luxe et de l’application de la réglementation dans l’un des paysages les plus emblématiques de France.