J’aime l’art : les meilleures expositions d’art d’hiver

Les gravures de Picasso au Centre d’Art de Mougins

Jusqu’au 7 janvier 2024

Un nouveau Centre d’Art vient d’ouvrir ses portes au cœur du village de Mougins. Cet espace dédié à l’art moderne et contemporain dans un bâtiment historique est entièrement rénové pour accueillir ses artistes et ses visiteurs. Pour son ouverture, à l’occasion du 50e anniversaire de la mort du maître cubiste, sa première exposition présente une collaboration entre Picasso et le célèbre graveur Aldo Crommelynck. Cette technique utilisée durant ses années mouginoises est particulièrement caractéristique du « feu Picasso ».

Des centaines de gravures ont ainsi été réalisées, certaines autour du thème de l’exposition, « La route du Cuivre ». Plusieurs photographies témoignent de cette création à quatre mains. Aldo Crommelynck a travaillé en étroite collaboration avec Picasso de 1963 à 1970 dans la dernière résidence du maître cubiste, Notre Dame de Vie.

Picasso

Picasso

Ces images touchantes font désormais partie de l’histoire de l’art. La complicité entre Picasso et les frères Crommelynck fut intense et féconde. De là est née une amitié indéfectible. Pendant plus de dix ans, cette relation exceptionnelle a contribué à rendre les dernières années de Picasso particulièrement fructueuses. Les thèmes favoris de l’artiste sont ainsi revisités dans ces gravures. D’abord et avant tout, une femme omniprésente dans sa sensualité, puis l’atelier de l’artiste et une ambiance onirique flirtant avec le surréalisme. Un peu un bréviaire de dernière minute.

Pablo Picasso / Aldo Crommelynck
La route du Cuivre – Mougins 1963-1972
Une histoire de gravure
Centre d’Art de Mougins
Place du Commandant Lamy, Mougins village

Modigliani à l’Orangerie de Paris, avec son marchand et ses femmes

Jusqu’au 15 janvier 2024

Pâles, comme privés de tout regard, des visages énigmatiques, fascinants. Ils peuvent sembler vides et pourtant rayonnent d’une plénitude extraordinaire. Tout l’art de Modigliani, poétique, sobre, audacieux et rebelle, réside dans cette vision singulière du visage humain. Né à Livourne italienne, l’artiste se consacre principalement à la sculpture au moment où il rencontre son futur marchand, Paul Guillaume.

Modigliani à l'Orangerie de Paris

Plus de 100 ans après cette rencontre en 1914, une exposition inédite à l’Orangerie parisienne souligne l’importance de cette relation dans l’évolution artistique de Modigliani. Une sélection d’œuvres magistrales comprend deux tableaux de la célèbre collection Nahmad, basée à Monaco. « La Belle Épicière » et « La Femme à la cravate noire » ont été créées à l’époque où, encouragé par Paul Guillaume, Modigliani abandonnait la sculpture pour la peinture.

Modigliani à l'Orangerie de Paris

Modigliani à l'Orangerie de Paris

David Nahmad a partagé son émerveillement face au deuxième tableau acquis en 1994 : « J’ai été fasciné par le côté inattendu de ce tableau et séduit par l’apparence rêveuse de cette femme. »

« Modigliani sur la Côte d’Azur, entre Nice et Cagnes-sur-Mer » d’Alain Amiel retrace encore un autre lien de l’artiste avec le territoire. Le livre, vendu à la boutique du Musée, explore sa période azuréenne jusqu’alors peu documentée.

Modigliani, l’une des figures les plus marquantes du XXe siècle, partage cette exposition avec des artistes et des femmes qui ont compté pour lui de son vivant. Certainement un incontournable.

Amédée Modigliani. Un peintre et son marchand
Musée de l’Orangerie
Jardin des Tuileries
Place de la Concorde, Paris

Mark Bradford chez Hauser & Wirth Monaco, tout simplement époustouflant !

Jusqu’au 10 février 2024

Un espace immaculé, baigné d’un puits de lumière, est entièrement investi par cet artiste engagé. Après avoir réalisé une installation in situ chez Hauser & Wirth à Monaco, Mark Bradford laisse littéralement les visiteurs sans voix. Inspiré par la série de tapisseries médiévales « La Chasse à la Licorne » où se bousculent espèces animales et végétales, prédateurs et proies, l’artiste projette ce thème inquiétant dans le monde d’aujourd’hui. Son œuvre est malheureusement d’une actualité brûlante, établissant un parallèle entre le monde contemporain et « L’âge des ténèbres ». « Personne ne connaît les problèmes que j’ai vus » met en lumière un obscurantisme que nous espérions bien laisser derrière nous.

Mark Bradford chez Hauser & Wirth Monaco

Mark Bradford investit les murs et reconstitue le paysage. Il accumule des couches de papier et de mastic, en utilisant ses techniques typiques de ponçage, de déchirure et d’oxydation. Des tableaux pendent aux murs recouverts de papier. Des globes noirs évoquant différents continents sont suspendus au plafond. De tailles variables, ces globes font allusion aux multiples contextes sociaux, politiques et économiques auxquels nous pouvons tous être exposés dans le monde d’aujourd’hui.

Mark Bradford chez Hauser & Wirth Monaco

« Mes peintures dialoguent avec les tapisseries du Moyen Âge. C’est à cela que servent les bandes dessinées d’aujourd’hui. Je m’élève contre les étiquettes selon lesquelles une femme devrait faire ce type d’art, une personne noire qui… Ici en Europe, je vois que tout tourne autour des nations. Aux Etats-Unis, la couleur de peau précède et détermine votre destin… Nous devons nous affirmer en tant qu’individus, c’est l’être humain qui précède !

Mark Bradford chez Hauser & Wirth Monaco

Cet artiste noir américain dont le pavillon s’est particulièrement illustré à la Biennale de Venise en 2017 était présent pour inaugurer personnellement son exposition. Il affirme n’être défini par aucune norme et veut crier là où, selon lui, « Les artistes ne parlent que doucement puisqu’on leur apprend à rester en coulisses ».

Plongé dans son œuvre, on comprend parfaitement le message, laissant la galerie stupéfaite et tremblante. Un art fort, obligatoire et éblouissant en effet.

Marc Bradford
Personne ne connaît les problèmes que j’ai vus
Hauser & Wirth Monaco
One Monte-Carlo, Place du Casino, Monaco

« On est tous fous » avec Ben au Musée d’Art Native de Nice

Jusqu’au 6 mai 2024

Imagine seulement! Tout un musée « donné » à Ben pour jouer avec, dévoiler ses idées singulières, nous emmener dans son monde délirant… Voilà de quoi il s’agit. Le Musée international d’art autochtone Anatole Jakovsky est depuis longtemps devenu le terrain de jeu des artistes les plus imprévisibles de l’École de Nice. Cette fois, Ben laisse libre cours à son imagination !

Ben au Musée d'Art Amérindien de Nice

500 mètres carrés pour une carte blanche colorée ». Quelque 200 créations de Ben côtoient celles de ses nombreux amis artistes, dialoguant avec bonheur avec la collection d’Anatole et Renée Jakovsky constituant les fonds du musée.

« On est tous fous » est plus qu’un simple commentaire, mais une véritable profession de foi que l’artiste partage avec son public, invité à participer à l’exposition au travers d’une boîte à idées.

« Je crois en un principe selon lequel tout artiste a un grain de folie qu’il souhaite, mais qu’il n’ose pas révéler ». Certain de cela, Ben investit chaque recoin d’un musée revisité à son image.

Ben au Musée d'Art Amérindien de Nice

Dès l’entrée, le mur est tapissé des questions récurrentes de l’artiste : « Est-ce de l’art ou pas de l’art ? », « Y a-t-il quelque chose de beau ou de laid ? et des affirmations comme « Je cherche la vérité ».

Il apprend sa propre vérité à travers ce qu’on appelle le syndrome de Diogène. Ben ne jette rien, mais accumule les papiers, les objets du quotidien, les photos, les outils, les œuvres et les idées de ses amis artistes. En parcourant les différentes salles, on se rend compte à quel point ses œuvres échappent à toute théorie, à toute classification. Venez visiter cette exposition pour saisir l’étendue de cette démarche, nullement rationnelle. Voir c’est croire. Ne manquez rien.

Ben au Musée d'Art Amérindien de Nice

On est tous fous
Musée international d’art naïf Anatole Jakovsky
Château Sainte-Hélène, Av de Fabron, Nice