Zoia Skoropadenko se souvient et célèbre Fernando Botero, décédé à Monaco le vendredi 15 septembre, 2023
Dans le panorama du XXe siècle, où les formes élancées et anguleuses ont si souvent été exaltées, les courbes voluptueuses des sculptures et des toiles de Fernando Botero exercent une fascination unique. C’est avec un mélange de tristesse et de profond respect que nous disons adieu à ce maître de la rondeur. Ses créations défient toute catégorisation et se démarquent, littéralement, par un relief audacieux sur la platitude d’une grande partie de l’art contemporain. Malgré sa renommée internationale, la relation de Botero avec la petite cité-État de Monaco reste l’un des chapitres les moins célèbres de son illustre carrière.
La Principauté de Monaco, synonyme d’opulence et de faste, ne semble peut-être pas la demeure naturelle pour un artiste comme Botero. Pourtant, c’est à Monaco que Botero a trouvé à la fois refuge et inspiration, et les limites de son atelier sont devenues le lieu de naissance de plusieurs de ses chefs-d’œuvre ultérieurs.
Le studio de Botero à Monaco n’était pas simplement un espace ; c’était un véritable théâtre où ses figures rondes prenaient vie. Monaco était l’endroit où les rideaux étaient perpétuellement levés, avec Botero jouant à la fois le rôle de réalisateur et de protagoniste.
Monaco n’était pas seulement un lieu de travail pour Botero ; c’était aussi une source d’inspiration. La juxtaposition des habitants aisés de la cité-État avec ses propres sujets magnifiés a donné naissance à des créations saisissantes. On se souvient de l’ample Femme avec un parasoloù le sujet de Botero reflète le chef-d’œuvre de Monet, mais pour un simple million plutôt que pour 20 ou 30 millions impressionnistes.
« Pourquoi? » est une question souvent posée à propos de l’art moderne et de ses artistes. Pourquoi les chiffres de Botero étaient-ils si exagérés ? La réponse, bien sûr, est de se démarquer, d’être rappelé et d’être immédiatement reconnaissable – tout comme Monaco, instantanément identifiable même de loin.

Né à Medellín, en Colombie, l’œuvre de Botero a transcendé ses humbles débuts, atteignant des dimensions mondiales où son style distinctif est devenu synonyme de célébration de la forme et de l’abondance. Mais parmi tous les lieux qui ont accueilli ses efforts artistiques, Monaco occupait une place particulièrement chère dans son cœur et dans son récit. Ce n’était pas simplement une résidence ; à bien des égards, c’était son sanctuaire de création.
Botero a dit un jour : « L’art devrait être une oasis, un lieu de refuge contre les difficultés de la vie. » Avec ce sentiment, on comprend facilement pourquoi il a choisi de vivre à Monaco, véritable havre de paix.
La disparition de Botero constitue une profonde perte pour le monde de l’art. Mais son héritage, à l’image des figures volumineuses qu’il a créées avec tant d’affection, occupera une place vaste et indéniable dans les annales de l’art. L’attrait intemporel de l’art de Botero, conçu dans la juxtaposition de l’histoire et de la modernité de Monaco, garantit qu’en disant au revoir à Fernando Botero, nous ne pleurons pas seulement un artiste ; nous déplorons une époque, une perspective unique et, plus particulièrement, un maestro qui nous a appris que le volume, tant dans l’art que dans la vie, est moins une question de taille que de substance et d’essence.
Alors que ses sculptures ornent le paysage monégasque et ses peintures ses galeries, Botero, dans toute sa splendeur volumineuse, restera à jamais une marque indélébile sur sa riche tapisserie.
IMAGE PRINCIPALE : Fernando Botero (Reuters)Femme allongée, Femme à l’ombrelle