L’enquête pénale menée depuis huit ans contre six banquiers monégasques risque fort d’aboutir à une procédure judiciaire au cours de l’année judiciaire en cours, notamment suite à la nomination d’un grand avocat parisien au poste de procureur général de Monaco.
Les allégations sont dans le domaine public depuis Bloomberg a publié en août un long rapport sur cette enquête de longue durée. L’histoire a depuis été reprise par d’autres médias européens, notamment ACTUALITÉS.MC.
Ce que les banquiers ont fait pour Amore
Outre la demi-douzaine de banquiers monégasques, le personnage central de l’affaire est l’homme d’affaires italien Fabrizio Amore, un particulier qui aimait beaucoup déposer espèces et objets de valeur à Monaco. Il devient un client privilégié des banquiers privés de plusieurs banques monégasques.
Selon un rapport judiciaire de 88 pages consulté par Bloomberg – qui suggère qu’il a été divulgué au média – un responsable de la Banque Havilland a suggéré de stocker « discrètement » de l’argent liquide dans un coffre-fort après un trop grand nombre de dépôts en espèces de 150 000 euros. Patrick Dauguet, ancien directeur financier de la Banque Havilland, a déclaré aux enquêteurs : « En ce qui concerne la banque, les fonds déposés en espèces provenaient de l’évasion fiscale et cela n’a pas déclenché l’alarme à la banque – même pour un montant de 450 000 €. euros. »
Un employé d’Edmond de Rothschild a vu Amore entrer dans la banque avec un sac rempli de billets et en repartir les mains vides. Au total, il aurait confié 657 000 euros à Edmond de Rothschild.
A la Société Générale, les enquêteurs ont découvert dans les coffres-forts une véritable mine d’or : 800 000 euros en espèces, des diamants évalués à 474 000 euros et 132 montres.
Un avocat d’Amore a affirmé que les dépôts d’Amore à Monaco constituaient le produit légal d’activités sur lesquelles tous les impôts avaient été payés en Italie. Une affaire pénale contre Amore, 66 ans, se poursuit à Rome, où les procureurs affirment que les fonds illicites proviennent du détournement de fonds provenant de contrats de construction publics.
ACTUALITÉS.MC Selon nos informations, deux des banquiers monégasques font face à des accusations de blanchiment d’argent – avec une peine possible de 10 ans de prison – tandis que les quatre autres sont poursuivis pour avoir omis de déclarer des transactions suspectes alors qu’ils exerçaient des fonctions de conformité, un délit passible d’une amende. Aucun individu de la Société Générale n’a été accusé et aucune des banques elles-mêmes n’a été inculpée.
L’un des six banquiers jugés – qui travaillait pour une quatrième banque – aurait permis le blanchiment d’argent pour d’autres clients ainsi que pour Amore.
ARTICLE CONNEXE : https://news.mc/2023/10/03/monacos-chief-prosecutor-promises-personal-crusade-against-money-launderers/