Despei tugiù sciu du nostre payse
Se ride au ventu u meme pavayun
Despei tugiù a curù russa e gianca
C’est l’amblema de notre liberté
Grandi e piciui r’an tugiù respetà !
(Depuis la création de notre pays
Le même drapeau flotte au vent
Pour toujours, le rouge et le blanc sont nos couleurs
Ils sont le symbole de notre indépendance
Ce qui a toujours été respecté par les petits et les grands !)
(verset de l’hymne national monégasque)
Un drapeau rouge et blanc flotte sur l’éperon rocheux, au-dessus de la mer bleue. C’est le symbole de l’indépendance qui caractérise ce lieu depuis plus de sept siècles. Mais comment ce drapeau et cette indépendance sont-ils arrivés là ?
Le Rocher formait le terminus naturel d’une zone allongée le long de la côte de la mer Méditerranée, dans un croissant allant de Portovenere à Monaco, territoire de la République indépendante de Gênes.
Le 30 mai 1191, la République occupa ce rocher avec son port, Portus Monachi, et fit construire un fort sur l’éperon rocheux. C’était un lieu recherché car stratégiquement important le long de la côte, non seulement en raison de sa situation mais aussi en raison de ses conditions naturelles : sur un rocher élevé et difficilement accessible depuis l’arrière-pays. Catalans, Provençaux et Français voudraient s’en emparer pour étendre leur position de pouvoir dans cette zone méditerranéenne, mais le Rocher reste aux mains de Gênes tout au long du XIIIe siècle.
L’équilibre global des pouvoirs dans la seconde moitié du XIIIe siècle était précaire. Gênes devint de plus en plus puissante en tant que République, mais elle fut également divisée intérieurement en raison d’un conflit entre Guelfes et Gibelins. Le premier groupe est composé de papistes, avec la dynastie Grimaldi comme principaux dirigeants et le deuxième groupe est plutôt du côté de l’empereur, sur le papier allemand, mais dans ce siècle plus souvent italien, et propage les idées libérales de l’empereur Frédéric II. , avec les dynasties Doria et Spinola comme principaux dirigeants.
La dynastie Grimaldi a été fondée au XIIe siècle lorsque les descendants du consul Otto Canella de Gênes et de son fils Grimaldo Canella, amiral à l’époque des premières croisades et représentant de Gênes auprès de l’empereur Frédéric Barberousse, adoptèrent le nom de famille Grimaldi au XIIe siècle. treizième siècle.
Tout au long de ce siècle, les deux groupes ont régulièrement pris le pouvoir à l’autre. Gênes devient de plus en plus prospère grâce aux croisades, lucratives pour la ville. Dotée d’une immense flotte, Pise est anéantie sur la mer Tyrrhénienne et les îles de Corse et de Sardaigne passent également sous le contrôle de la République. Les Catalans « libèrent » la Sicile du joug guelfe. Les papes successifs ont exagéré leurs cartes dans cette affaire, et ainsi la lutte pour le pouvoir en mer devient encore plus confuse, car l’Église divise les terres qui ne lui appartiennent pas. La France tente de prendre la Provence mais les habitants des champs de lavande ne sont pas du tout contents et donc cette colonisation est totalement frustrée. Le seul endroit sur la Méditerranée où le roi de France avait son mot à dire est Aigues-Mortes et de là partent les Croisades, financées par Gênes, qui fournissait également la plupart des navires de la flotte). La lutte pour le pouvoir maritime entre Barcelone et Gênes définit cette période de l’histoire. Barcelone s’étend jusqu’à Athènes, Gênes jusqu’à Constantinople.
Il s’agissait maintenant de ce rocher. Les colons génois furent les premiers à l’occuper et sur ordre de la République une forteresse y fut construite avec quatre tours de guet, d’où l’on peut également apercevoir la Corse par temps clair. Pour défendre le fort contre les troupes ennemies, des murs d’une hauteur allant jusqu’à neuf mètres ont été érigés du côté du port. En 1296, il y eut un nouveau changement de pouvoir à Gênes. Le consul était Corrado Doria, un Gibelin, et il veille à ce que certains dirigeants guelfes soient expulsés de la ville, dont Lanfranco et son neveu et beau-fils Ranieri Grimaldi. Où doivent-ils aller ? Ils ont un plan et veulent se venger du dirigeant en occupant la pointe de la République. Rétrospectivement, l’aventure ressemble plus à une farce étudiante. Avec quelques complices, ils se déguisent en moines franciscains et montent dans un bateau par une sombre soirée. Ils se retrouvent bloqués dans le port sous le rocher.
Il pleut lorsque deux moines perdus se présentent à la porte du château qui donne accès au Rocher. La garde de nuit gibeline laisse entrer le clergé sans méfiance. Une fois passée la porte d’entrée, les moines sortent les épées de sous leurs robes et poignardent à mort quelques soldats. Puis ils laissent entrer leurs sbires, restés dans le bateau, et après quelques combats, le fort tout entier est pris.
A ce moment historique, dans la nuit du 7 au 8 janvier 1297, commence la saga de la dynastie des Grimaldi à Monaco. Lanfranco (François) Grimaldi peut se qualifier de premier souverain indépendant du rocher.
Son acte lui a valu dans les annales le surnom de « Malizia », le Rusé. À l’occasion du 700e anniversaire de sa capture en 1997, il a été immortalisé à jamais dans une statue de Kees Verkade.
La statue de Kees Verkade
Avec son neveu, comme deux moines l’épée dégainée, Lanfranco orne également les armoiries de Monaco. Pour être clair, il n’était certainement pas un pirate, comme le prétendent souvent les guides touristiques, mais un exilé politique. Il décide de faire à Ranieri l’honneur de devenir « le premier Seigneur de Monaco ».
Depuis, ce n’est plus la croix de Saint Georges qui flotte sur la pointe du Rocher mais le drap rouge et blanc que l’on connaît aujourd’hui.
Et grâce à sa situation stratégique, presque personne n’a osé contester l’indépendance du Rocher depuis plus de sept siècles. A chaque traité de paix après chaque guerre, la question du Rocher indépendant revenait, mais aucun pays puissant ne voulait que l’ennemi se voit confier cet endroit stratégique et le statut indépendant du Rocher ne changeait jamais. C’est la plus grande fierté des Monégasques. « Grands et petits ont toujours respecté notre liberté. »