Champion de boxe monégasque, Hugo Micallef : « Ma principale ambition est de devenir champion du monde »

Avec son visage d’ange, on comprend pourquoi, lorsqu’il était bébé, il a été recherché pour le mannequinat. Ses propos sont bien mesurés. Sa voix est douce et calme. Hugo Micallef ne semble avoir ni le look ni le style pour le poste. A 25 ans, il est champion de France de boxe avec l’ambition de devenir n°1 mondial. Profondément attaché à son pays et à sa famille, ce Monégasque s’entraîne actuellement aux îles Canaries. Son esprit est résolument tourné vers la qualification pour les Jeux Olympiques lors des éliminatoires mondiales prévues en mars 2024. En attendant, le sportif se soumet à une discipline de fer qu’il accepte avec un large sourire. Ses sacrifices sont à la hauteur de ses ambitions.

Le joueur de 25 ans a déjà un palmarès impressionnant : préparations olympiques de boxe en route vers les qualifications, plus de 20 médailles d’or internationales et plusieurs médailles d’argent et de bronze. Son parcours professionnel est sans faute avec huit victoires sur huit, la dernière « à domicile », à Monaco. Hugo Micallef a ensuite battu le champion de la République tchèque, Denis Bartos, au premier tour !

Le champion nous a confié ses espoirs et ses émotions entre deux entraînements à Las Palmas.

Bonjour Monaco : Je comprends que la boxe est un peu une affaire de famille. Votre père vous l’a fait découvrir assez tôt…

Hugo Micallef : Mon père était en effet boxeur amateur de 15 à 20 ans, avant ma naissance. A 18 ans, il devient champion de France. C’est vrai que je l’ai souvent vu jouer en vidéo. Mais je n’étais pas du tout un enfant sportif. J’avais plutôt l’âme d’un artiste. Depuis l’âge de 4 ans, je passe mes journées à dessiner.

Mes parents allaient courir à Monaco le samedi matin et je les suivais en scooter. C’est comme ça que j’étais sportif ! Vers l’âge de sept ans, sans grand enthousiasme, j’ai aussi commencé à faire du jogging. Le sport, ce n’était pas vraiment mon truc. Mes parents m’ont quand même inscrit au judo, puis au tennis, mais je n’ai pas persévéré.

Champion de boxe, Hugo Micallef

HM : Comment s’est déroulée la boxe alors ?

Hugo : C’est certainement dû à un traumatisme que j’ai vécu à l’âge de 7 ans. J’étais dans la voiture lorsque j’ai vu mon père se faire agresser à Menton. Il voulait aider mon grand-père pris dans une bagarre avec des jeunes. Après en avoir assommé quelques-uns, il trébucha et tomba inconscient. Il a ensuite été roué de coups. Il y en a six sur lui. Il souffrait de multiples traumatismes. Ce jour-là, j’ai vraiment cru qu’il était mort. J’ai alors ressenti une envie irrépressible de pouvoir défendre ma famille.

J’ai demandé à mon père de m’inscrire à la boxe, il a refusé. J’ai été très insistant. Un jour, dans un village de montagne, un ring fut installé pour une journée sportive. Les enfants ont reçu des gants et des casques. Ils se battaient comme ça, sans technique particulière. J’y suis allé et j’ai réalisé une performance incroyable, écrasant littéralement mon adversaire. C’est alors que mon père m’a dit : « Dès notre retour à Monaco, je t’inscris. »

Champion de boxe, Hugo Micallef

HM : Qu’est-ce que tu aimes dans la boxe ?

Hugo : Je n’ai jamais transpiré de ma vie. Mais après mon premier entraînement de boxe, j’étais en sueur partout. Ce sport me correspond vraiment, demandant une vraie motivation et une grande rigueur. Mais mon premier combat, à l’âge de 11 ou 12 ans, a été un véritable coup dur. Ayant combattu à Marseille contre un boxeur local, j’ai gagné le combat équitablement. Mais l’arbitre a donné raison à mon adversaire. C’était une victoire volée ! J’ai pleuré de tout mon cœur mais mon père a trouvé les mots justes pour me consoler.

Pour en revenir à ce que j’aime dans la boxe, l’intellect sur le ring est essentiel. La boxe est souvent comparée à une partie d’échecs. C’est une discipline très technique, très stratégique…

HM : Une question technique alors, préférez-vous le jab, le crochet ou l’uppercut ?

Hugo : Je préfère frapper depuis la gauche. Etant effectivement gaucher, je maîtrisais la boxe droitier. Du coup, le bras avant que j’utilise pour prendre de la distance est aussi solide que l’autre. C’est un avantage.

Champion de boxe, Hugo Micallef

HM : Quels moments mémorables avez-vous vécus depuis le début de votre carrière ? Pourriez-vous nous en dire plus sur eux ?

Hugo : Il y a eu trois moments particulièrement formidables. D’abord à 15 ans quand j’ai gagné une médaille d’or. Je me suis alors dit : « j’irai loin ». Deuxièmement, il y a trois ans et demi, lorsque j’ai combattu dans un tournoi mondial en Espagne. À l’époque, j’étais encore dans la catégorie boxe olympique amateur. Après le tirage au sort, je devais affronter le numéro 1 de la boxe américaine, 16 fois champion des États-Unis et champion du monde en 2016. Tout le monde riait à la vue du petit monégasque se préparant pour le combat. Eh bien, je l’ai battu ! Suite à cette victoire, un des plus grands promoteurs de Las Vegas a signé le contrat pour me représenter. Et le troisième, tout aussi mémorable, c’était le 23 septembre, lorsque j’ai combattu pour la première fois chez moi, à Monaco. J’ai gagné au premier tour.

HM : Vous vous entraînez actuellement aux îles Canaries. Qu’est-ce que tu aimes là-bas ?

Hugo : Mon coach est basé aux Canaries. De nombreux boxeurs s’y entraînent et l’infrastructure est excellente. De plus, le climat est favorable. S’entraîner en été facilite la surveillance de votre poids. Je combats dans la catégorie des soixante kilos « super légers ».

HM : Avez-vous du temps libre ? Quel genre de discipline est exigé de vous ?

Hugo : Aux Canaries, je vis comme un moine. Je m’entraîne deux fois par jour sauf le dimanche, je dors le plus possible et je suis suivie par une diététicienne. Je suis donc soumis à une discipline de fer. En fait, je surveille mon alimentation depuis dix ans.

Champion de boxe, Hugo Micallef

HM : Quels sont vos objectifs ? Les Jeux olympiques maintenant ?

Hugo : Les Jeux Olympiques sont l’un de mes objectifs. Je dois atteindre les demi-finales pour me qualifier. Je le saurai d’ici mars prochain. Mais ma principale ambition est de devenir champion du monde.

HM : Et alors ? La boxe s’arrête à un certain moment…

Hugo : Il n’y a pas vraiment d’âge, mais je pense que 35 ans est un bon âge pour arrêter. Nous risquons des échecs qui peuvent être très dangereux. Les boxeurs sont un peu comme les gladiateurs des temps modernes, certains meurent sur le ring… Ma mère n’a jamais pu se résoudre à assister à aucun de mes combats. Après la boxe j’aimerais me lancer en affaires, créer ma propre entreprise. Et puis je serais très tenté par le cinéma…

HM : Avez-vous des passe-temps ?

Hugo : Dessin. Je dessine depuis que je suis un jeune enfant. Ces jours-ci, je dessine un tas de choses étranges sur une tablette, des personnages très sombres. J’aime les « films noirs » et je suis passionné de musique, principalement de hip-hop américain. Toujours quelque chose de sombre… Je ne sais pas trop d’où ça vient, peut-être de l’agressivité de mon père, qui l’en libérait un peu.

HM : Qu’est-ce qui compte le plus pour vous dans la vie ?

Hugo : Mes parents! J’ai beaucoup de principes et de valeurs familiales. En plus, je suis profondément religieux.

HM : Quels sont tes rêves ?

Hugo : J’ai avant tout des objectifs. Les rêves ne se réalisent jamais. Je veux être champion du monde de boxe et j’adorerais devenir acteur.