Choc: Elon Musk vante depuis des années les semaines de 80 heures, mais n’en ferait même pas 40 chez Tesla

Le récit de l’entrepreneur infatigable s’effrite, et le contraste frappe les esprits. Pendant des années, Elon Musk a glorifié les semaines de 80 à 100 heures, symbole d’une culture de l’abnégation. Aujourd’hui, des investisseurs réclament qu’il consacre simplement 40 heures par semaine à Tesla. Cette demande pose une question d’exemplarité managériale, au cœur d’une crise industrielle et financière qui met la marque à l’épreuve de sa propre maturité.

Quand l’exemplarité se fissure

L’image d’un dirigeant qui dort au bureau, dirige plusieurs entreprises et impulse une vision sans relâche paraît de moins en moins crédible. Entre SpaceX, X (ex-Twitter), Neuralink et xAI, le temps de Musk semble dilué, au risque de fragiliser la priorité accordée à Tesla. Des investisseurs de premier plan, dont l’American Federation of Teachers (près de 8 millions d’actions), tirent la sonnette d’alarme. Ils pointent un désengagement croissant, difficilement compatible avec les défis opérationnels qui exigent une présence assidue.

Quarante heures, un minimum symbolique

La demande n’est pas de renverser le capitaine, mais d’obtenir un engagement de présence tangible. Les signataires proposent même de répartir ces 40 heures sur trois jours, laissant deux jours à ses autres activités. L’objectif est de rétablir une chaîne de décision claire, au moment où Tesla traverse une période délicate. En gestion de crise, la constance et la réactivité du leadership font souvent la différence.

« Nous voulons simplement nous assurer qu’il consacre suffisamment de temps à superviser l’entreprise efficacement. » — Tejal Patel, SOC Investment Group, citée par Fortune.

Gouvernance: indépendance et conflits d’intérêts

Le reproche ne vise pas seulement la disponibilité de Musk, mais la composition d’un conseil jugé trop accommodant. Les investisseurs réclament l’arrivée d’au moins un administrateur véritablement indépendant, sans liens passés ou présents avec le dirigeant et son entourage. Le cas de Jack Hartung, ex-Chipotle, est cité pour ses liens anciens avec Kimbal Musk, le frère d’Elon, nourrissant la crainte d’un népotisme latent. À leurs yeux, la rémunération colossale accordée en 2018 illustre un déséquilibre de gouvernance qui appelle des garde-fous plus stricts.

Un plan de succession pour éviter la décapitation

Au-delà des symboles, les actionnaires exigent un plan de succession public, adossé à une feuille de route sur deux à cinq ans. L’idée n’est pas d’écarter Musk, mais de garantir une continuité stratégique en cas d’absence prolongée ou d’événement imprévu. Une telle planification rassure les marchés, balise les responsabilités et réduit le risque d’une paralysie décisionnelle à un moment critique pour l’industrie.

Ce que réclament les actionnaires

  • Un engagement de présence d’au moins 40 heures par semaine chez Tesla.
  • Une répartition possible sur trois jours pour préserver d’autres mandats.
  • Un plan de succession public sur 2 à 5 ans.
  • L’entrée d’au moins un administrateur vraiment indépendant.
  • Des garde-fous contre le népotisme et les conflits d’intérêts.
  • Une politique de rémunération alignée sur la performance de long terme.

Le coût de l’incohérence culturelle

Prôner l’ascèse des 80 heures et ne pas garantir 40 heures à son entreprise phare crée une dissonance difficile à justifier auprès des équipes et des marchés. La culture d’entreprise se construit par la cohérence quotidienne du leadership. Sur des chantiers comme l’optimisation industrielle, la montée en cadence des gigafactories, la gestion de la concurrence chinoise et l’équilibre entre logiciels et matériel, une présence stabilisée compte. Les arbitrages produits, la hiérarchisation des projets et la maîtrise des coûts exigent un pilotage continu.

Tesla n’est plus une start-up

Le statut de pionnier ne suffit plus à légitimer un mode de gouvernance de fondateur perpétuellement en mouvement. Tesla est devenue une entreprise systémique, pesant sur les indices et l’emploi, avec des enjeux de sécurité et de régulation d’envergure mondiale. Une telle structure appelle une discipline de gouvernance qui dépasse le culte de la personnalité. Les meilleures entreprises combinent vision audacieuse et rituels de gestion prévisibles, surtout lorsque la conjoncture devient plus âpre.

Le signal envoyé aux marchés

En demandant « seulement » 40 heures, les investisseurs cherchent un équilibre raisonnable entre multi-entrepreneuriat et responsabilité de mandat. Un engagement clair, un conseil plus indépendant et un plan de succession crédible réduiraient l’incertitude. C’est un test d’humilité et de maturité pour un dirigeant qui a bâti une partie de sa légende sur l’exemple. À ce prix, Tesla peut retrouver une trajectoire lisible, et ses actionnaires un cap plus sûr.