Ce vieux ticket de métro parisien pourrait désormais se revendre plusieurs dizaines d’euros

Dans les tiroirs, au fond des portefeuilles, dorment encore des rectangles blancs à bande magnétique. Longtemps anodins, ils éveillent aujourd’hui une curiosité nouvelle, nourrie par la disparition progressive du papier dans les transports parisiens.

Entre nostalgie tangible et raretés inattendues, certains se négocient désormais pour des sommes surprenantes. Les plateformes de revente bruissent de petites enchères qui montent vite, au rythme d’une mémoire urbaine qui change de main.

Pourquoi les collectionneurs s’y intéressent

La fin annoncée des carnets t+ en version papier, entre 2022 et 2024, a déclenché un rapide sursaut d’intérêt. Moins de tickets en circulation signifie plus de rareté, surtout pour les variantes peu communes.

Le ticket incarne une époque, un geste simple — celui du compostage — devenu presque rituel. Cette dimension affective nourrit une vraie demande, au-delà de la seule spéculation marchande.

“Un ticket, c’est un fragment de Paris, ça tient dans la main et ça raconte un trajet,” confie Marc, collectionneur parisien depuis quinze ans. “Quand le carnet a disparu, on a tous compris que la page se tournait pour de bon.”

Quels tickets valent vraiment quelque chose

Toutes les petites cartes blanches ne se transforment pas en trésor, mais certaines tirent leur épingle du jeu. L’état général, la variété, et les erreurs d’impression influencent fortement la cote.

Les tickets non compostés, plans à l’appui, gardent une prime, tandis que les éditions spéciales ou promotionnelles attirent les curieux et les puristes.

Côté mythologie modeste, les premiers tickets “t+” à code barres, les tirages à couleur de fond légèrement différente, ou les numérotations atypiques séduisent les initiés. Les carnets scellés, encore dans leur étui, se revendent mieux que les exemplaires isolés et fatigués.

Comparatif des types de tickets et de leur valeur

Type de ticket État Rareté estimée Fourchette de prix Détails notables
Ticket t+ standard blanc (bande magnétique) Non composté, propre Commune 5–15 € Intéressant en lot, numéros proches
Ticket t+ standard Composé/plié Très commune 1–5 € Valeur sentimentale surtout
Carnet de 10 t+ scellé Neuf, sous emballage Moins courant 20–60 € Prime pour série homogène
Édition spéciale/événement (impression dédiée) Neuf ou très bon Rare 30–120 € Petits tirages, forte demande
Erreur d’impression (décalage, encre) Variable Rare à très rare 50–150 € Dépend de la visibilité du défaut
Tickets anciens pré-t+ (années 80–90) Non compostés Rare 25–90 € Intérêt historique, graphisme vintage

“Nous avons accompagné la transition vers des supports sans papier, plus durables et plus simples,” rappelait récemment un porte-parole de la RATP. “L’attachement au ticket reste compréhensible, car il fait partie du quotidien des Franciliens.”

Où et comment acheter ou vendre en sécurité

Les transactions se concentrent sur eBay, Le Bon Coin et parfois Vinted. Les ventes aux enchères font grimper les prix, surtout le soir et le week-end, quand la demande afflue.

Privilégiez des photos nettes, recto-verso, avec gros plans sur la bande et le numéro de série. Un emballage rigide, type pochette cartonnée, évite les plis indésirables et les litiges.

Côté paiement, PayPal avec protection acheteur ou remise en main propre dans un lieu public offrent de bonnes garanties.

Les descriptions précises — date de compostage, éventuelle trace de démagnétisation, état de la tranche — inspirent la confiance et justifient un prix supérieur.

Astuces pour estimer rapidement la valeur

    • Vérifiez l’état: non composté, pas de taches, pas de pli, pas de déchirures; un ticket propre vaut souvent le double.

Les signaux qui font grimper la cote

Un lot homogène, issu du même carnet, avec numérotation contiguë, attire les collectionneurs pointilleux. Les anomalies d’impression — inscriptions décentrées, teintes laiteuses, codes barres partiels — ajoutent une dimension de curiosité.

Les éditions co-brandées, distribuées lors d’événements culturels, constituent un filon discret mais recherché.

“Le vrai différenciateur, c’est le sentiment de rareté vérifiable,” explique Léa, revendeuse spécialisée dans les éphémères. “Un scan haute définition et une courte histoire de l’objet font la différence.”

Faut-il conserver ou vendre maintenant ?

Le marché reste jeune, porté par la fin du papier et l’effet de mode. À court terme, la visibilité médiatique soutient les prix, surtout pour les lots bien présentés.

À moyen terme, une sélection naturelle s’opérera: seules les variantes marquées, les états impeccables et les carnets scellés devraient maintenir une prime significative.

Si vous possédez un paquet bien conservé, la vente par lots peut doper la valeur globale. À l’inverse, un unique exemplaire standard, même propre, restera sur une valeur modeste.

Garder quelques pièces pour mémoire personnelle n’empêche pas d’en céder d’autres, histoire de financer un futur passion.

Au fond, un simple ticket raconte une ville, un réseau, des millions de trajets anonymes. Le voir passer de la poche à la vitrine, puis de la vitrine à la vente, n’a rien d’absurde: c’est la petite histoire d’un objet du quotidien qui devient, sans fanfare, un souvenir précieux.