Ce petit pays de 2 millions d’habitants éblouit le monde avec la première climatisation sans gaz depuis un siècle

Un petit pays de près de deux millions d’habitants vient de bousculer le monde avec une avancée qui n’était plus arrivée depuis un siècle. La Slovénie a présenté un système de climatisation qui fonctionne sans le moindre gaz réfrigérant. Cette innovation promet de transformer un secteur devenu indispensable, mais lourd en impacts climatiques.

Une rupture technologique au cœur de l’Europe

Au sein de l’Université de Ljubljana, des chercheurs ont conçu une technologie de refroidissement élastocalorique. Elle remplace les cycles de compression et de détente des fluides par la déformation mécanique d’alliages métalliques. Lorsqu’ils sont comprimés, ces matériaux chauffent, et lorsqu’on relâche la pression, ils refroidissent.

Cette approche rend caducs les gaz réfrigérants HFC, dont le pouvoir de réchauffement est des milliers de fois supérieur à celui du CO₂. Un kilo de HFC échappé équivaut à des milliers de kilomètres parcourus en voiture. Éliminer ces fuites récurrentes change la donne pour la lutte climatique.

Le cœur du dispositif repose sur le nitinol (nickel-titane), déjà connu pour ses usages médicaux. Ici, ses propriétés de mémoire de forme deviennent une ressource pour produire du froid propre. En s’appuyant sur la mécanique, on s’affranchit des cycles thermodynamiques classiques et de leurs contraintes.

Comment fonctionne ce froid sans gaz

Le refroidissement élastocalorique utilise des alliages qui, soumis à un effort, réorganisent leur structure cristalline. Cette transition absorbe ou libère de la chaleur, créant un cycle de froid sans changement d’état fluide-gaz. Le résultat est un système durable qui s’inscrit dans la sobriété énergétique.

Le prototype affiche pour l’instant environ 15 % d’efficacité, contre 20 à 30 % pour des systèmes traditionnels. Mais la climatisation à compresseur bénéficie de cent ans d’optimisation, quand cette technologie a moins d’une décennie. Le potentiel d’amélioration demeure considérable.

Ses bénéfices concrets se lisent déjà dans une liste d’atouts très clairs:

  • Élimination totale des émissions de gaz à effet de serre liées au fluide
  • Disparition des risques de fuites toxiques ou inflammables
  • Composants en matériaux recyclables
  • Fonctionnement plus silencieux que les compresseurs
  • Architecture modulaire et scalable selon les usages

Cette approche remet en phase nos technologies avec la physique des matériaux et l’efficacité des transferts d’énergie. Elle ouvre la voie à des appareils plus sûrs, plus simples à maintenir et moins gourmands en ressources.

Une dynamique européenne vers l’industrialisation

L’avancée slovène s’inscrit dans un effort européen coordonné. Le projet E-CO-HEAT, mené jusqu’en 2026, vise à industrialiser et à breveter la solution. Un consortium réunit des partenaires d’Irlande, d’Allemagne et d’Italie pour la fabrication, l’ingénierie et les tests.

Soutenue par des programmes de l’Union européenne comme SUPERCOOL, l’équipe planche sur un prototype nommé SMACool. L’objectif est un produit fiable, compétitif et exportable, capable d’entrer sur un marché mondial en pleine expansion.

La Commission européenne intègre ce chantier dans sa stratégie Chauffage et Refroidissement, pilier du Green Deal. Le marché mondial du froid pourrait dépasser 1 000 milliards d’euros d’ici 2035, ce qui confère à l’enjeu une portée à la fois économique et environnementale.

Des implications planétaires majeures

Selon l’Agence internationale de l’énergie, la climatisation représente déjà près de 10 % de l’électricité consommée dans le monde. On compte environ 2 milliards d’unités en service, un chiffre appelé à tripler d’ici 2050 si rien ne change. Continuer avec des gaz HFC serait catastrophique pour le climat.

La solution slovène pourrait équiper des logements, mais aussi des centres de données, des chaînes du froid et la gestion thermique des véhicules électriques. L’impact serait massif sur les pointes de consommation estivales, tout en réduisant les fuites polluantes.

Il reste des défis: améliorer le rendement, baisser les coûts de fabrication, garantir la durabilité des alliages soumis à des millions de cycles. La recherche avance sur la conception des structures, la fatigue des matériaux et l’optimisation des mouvements.

“Nous entrons dans une ère où le confort thermique n’implique plus de compromis avec la planète.”

En changeant le cœur même de la production de froid, la Slovénie montre qu’une petite nation peut initier une grande mutation. Si les industriels suivent, la climatisation sans gaz pourrait devenir la norme, et non plus l’exception. C’est une promesse de progrès concret, à la hauteur de l’urgence climatique et de nos besoins quotidiens.