10 heures gagnées: le tunnel le plus profond du monde bientôt terminé

Un exploit qui change la carte de la Norvège

Sur la côte ouest de Norvège, un chantier titanesque touche à son aboutissement. Le tunnel Rogfast, appelé à devenir le plus profond du monde, promet de faire gagner jusqu’à 10 heures aux automobilistes parcourant l’axe côtier.

Au cœur d’un réseau de fjords, ce corridor sous-marin bouleversera les habitudes de voyage. Il transformera une succession de traversées et d’attentes en une liaison continue, fluide et prévisible.

Un ouvrage d’ingénierie sans précédent

Long de 27 kilomètres et plongé jusqu’à 400 mètres sous le niveau de la mer, Rogfast reliera Randaberg à Bokn. Il supprimera des bacs qui fractionnaient jusqu’ici l’itinéraire le long de l’E39.

Creusé dans le socle rocheux, l’ouvrage alignera quatre voies afin d’assurer une sécurité optimale et une capacité élevée. Il dépasse déjà l’impressionnant Laerdal, plus long tunnel routier terrestre du monde.

Chaque détail traduit une maîtrise technique rare, des systèmes de ventilation à la gestion des évacuations, en passant par la signalisation dynamique. À lui seul, le passage durera environ 35 minutes, avec un flux régulé et continu.

Technologie, pression et sécurité

Forer à 400 mètres impose une résistance extrême aux pressions hydrostatiques. Les équipes ont déployé des tunneliers et des méthodes de forage capables de dompter infiltrations d’eau, discontinuités géologiques et contraintes de stabilité.

La ventilation constitue un enjeu vital, garantissant l’air de tout le parcours et la dissipation des gaz en cas de ralentissement. Les capteurs veillent à la qualité atmosphérique et à la détection d’événements critiques.

“Ce n’est pas un simple tunnel, c’est un laboratoire vivant où chaque décision technique protège des milliers de usagers au quotidien.”

D’un périple de 21 heures à une traversée optimisée

Aujourd’hui, la route côtière entre Trondheim et Kristiansand impose environ 21 heures et sept ferries. Avec Rogfast et les améliorations connexes, le trajet tombera autour de 10 heures, une révolution pour la mobilité.

Cette fluidification bénéficiera aux transporteurs comme aux voyageurs, en réduisant les coûts, l’incertitude des horaires et les retards dus à la météo. L’effet domino sur l’économie locale sera considérable.

Même avec un péage estimé à 38 € par véhicule, les usagers économiseront des frais de traversées et surtout des heures précieuses. Au total, les gains de fiabilité l’emportent sur le coût du trajet.

Les bénéfices majeurs, en bref

  • Suppression des aléas liés aux ferries et aux conditions maritimes
  • Réduction des coûts de transport pour les flux de marchandises
  • Accès facilité aux paysages de la côte ouest, moteur pour le tourisme
  • Moins d’émissions grâce à l’abolition des attentes et des redémarrages
  • Circulation fiable toute l’année, avec une disponibilité constante

Un calendrier bousculé mais résilient

Lancé en 2018, le projet a subi des retards pendant la pandémie, entre chaînes d’approvisionnement rompues et main-d’œuvre contrainte. La livraison est désormais prévue pour 2033, après une séquence d’essais et de validation.

Le cœur des travaux s’étale sur plusieurs phases: excavation primaire, finitions et systèmes de sécurité, puis tests de ventilation, d’éclairage et de gestion du trafic. Chaque jalon conditionne l’ouverture au grand public.

Le budget, estimé entre 1,6 et 2 milliards d’,, reflète l’ambition d’un pays prêt à investir pour connecter ses territoires. Les retombées attendues couvrent productivité, attractivité et cohésion régionale.

Une nouvelle référence pour les ouvrages sous-marins

Rogfast établit un standard pour les tunnels sous-marins, tant par sa profondeur que par la rigueur de ses procédures. Il pourrait inspirer d’autres régions séparées par des bras de mer.

L’expérience acquise en Norvège bénéficiera à des chantiers futurs, des choix de matériaux aux architectures de sûreté. Elle nourrit un corpus de pratiques plus robustes face aux environnements extrêmes et aux risques.

La symbolique dépasse la seule ingénierie: c’est la victoire d’un territoire sur ses contraintes naturelles, au service d’une mobilité plus rapide, plus sûre et plus sobre.

Un héritage pour des décennies

À son ouverture, le tunnel deviendra un pilier de l’E39, soutenant échanges, emplois et circuits touristiques. Il replacera des communautés isolées au cœur des flux, sans sacrifier la sécurité.

Au-delà des chiffres, il incarne une vision: ne plus subir la géographie, mais la respecter tout en la traversant intelligemment. L’avenir de la côte ouest se dessine plus proche, plus cohérent, plus connecté.

La Norvège s’offre ainsi un levier de compétitivité et de fierté nationale, guidé par l’innovation et la persévérance. Une promesse tenue au bénéfice des usagers, de l’économie et du climat.